le pardon est-il possible?
La stratégie des antilopes Jean Hatzfeld. ( Seuil 9782020962292 ) 5 étoiles
Ce dernier récit est le troisième volet que l’auteur a consacré au génocide rwandais.
Je n’ai lu ni « Dans le nu de la vie », ni « une saison de machettes » et ne serais pas aller vers « la stratégie des antilopes « si on ne me l’avait offert !
Après les massacres, après la prison vient le temps de la réconciliation, orchestrée par diverses ONG .
Au début du récit, l’auteur nous renvoie dans la lutte quotidienne pour la survie et donne par la bouche d’un Tutsi l’explication du titre : « Si on courait seul, on était vite attrapé, on devenait un gibier trop vulnérable. En groupe, on se conseillait, on semait le doute chez les poursuivants. (…)Et quand les tueurs semblaient nous atteindre, on s’éparpillait de tous les côtés pour garder chacun sa chance ; au fond, on adoptait la stratégie des antilopes. »
Du matin au soir, les Tutsis couraient pour échapper aux machettes huttues ; les faibles, les vieux, les femmes, les jeunes enfants moururent les uns après les autres…les autres n’avaient pas le temps de se recueillir, de les enterrer et laisser donc les cadavres se décomposer sur leur lieu de course quotidienne ! Le soir, tel une bête, il fallait trouver des légumes à manger crû !
Après 7 à 8 ans de prisons, les bourreaux sont relâchés et doivent croiser le regard des survivants, doivent réapprendre à partager les mêmes lieux. Pour qui est-ce que cela sera le plus dur ? Jean Hatzfeld laisse la parole aux deux camps et c’est édifiant…surtout du côté huttu !
L’auteur intervient également pour ouvrir des parenthèses telle que la place de Dieu dans tout cela ou celle du parallèle avec la Shoah. Marie-Louise, survivante tutsie, attaque la position de Jean-Paul II ( un autre point commun avec la période nazie).
Comme pour tous les massacres, il a un besoin de mémoires à transmettre et Jean Hatzfeld est un transmetteur de grande qualité !