Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un peu, passionnement, à la folie
Un peu, passionnement, à la folie
Un peu, passionnement, à la folie
Derniers commentaires
28 février 2008

Quand Taniguchi rend hommage à London

Qu'y a t-il de commun entre le Japonais Jiro Taniguchi et l’américain Jack London ? Ils n’appartiennent ni au même siècle, ni au même continent, ni à la même religion , ni au même genre littéraire et cependant un même esprit se dégage de “L'appel de la forêt” et de “L'homme de la toundra “.Tous deux cherchent un contact privilégié avec la nature, tous deux savent interpréter les signes que d’autres ne verraient même pas et révèlent certains côtés de la nature humaine dont ils ont appris à se méfier à force de vivre avec les animaux !

Jack London, l’homme de la toundra
La première des six nouvelles qui composent ce recueil s’ouvre sur un vieil indien solitaire qui sait qu’il ne peut mourir car il a une mission à accomplir; puis nous découvrons deux chasseurs affamés et peu doués pistant un élan. L’élan va les éloigner du camp et les deux hommes se retrouvent au cœur d’une tempête de neige; l’un d’entre eux s’appelle Jack London. Ils ont froid et faim, leurs membres s’engourdissent, leurs pensées s’embrument, ils sont seuls dans une nature hostile. L’indien retrouvera les deux hommes prisonniers du blizzard et leur sauvera la vie; cependant Jack London est convaincu que cet homme est un esprit; il l’a vu traverser les murs de la hutte dans laquelle il les avait placés à l’abri. La rencontre de Jack London et de l’esprit va changer le cours de sa vie et lui montrer que l’or qu’il était venu chercher avec ses camarades n’est peut-être pas l’unique intérêt de ces régions sauvages.

Le talent de Jiro Taniguchi à représenter ces paysages grandioses n’est plus à prouver : il a reçu en 2005, à Angoulême, le prix du meilleur dessin pour “Le sommet des dieux” qui est dans la même veine que “L’homme de la toundra “. Le lecteur est embarqué avec les deux chercheurs d'or tant l’auteur réussit avec une économie de coups de crayon à rendre l’immensité, le froid, la faim, le danger ...
Jack London, un homme au milieu des loups

L’hommage se poursuit dans la seconde nouvelle sans que cette fois le nom du célèbre écrivain soit nommé. Le lecteur pensera évidemment à Croc-Blanc. Nous sommes en Alaska et deux hommes poussent à travers la vallée du Yukon leur traîneau chargé d'un cercueil. La mort est là concrètement avec ce cercueil mais elle est aussi visible sur les visages aux traits tirés des deux trappeurs. Une meute de loups affamés les poursuit ; les chiens de traîneaux disparaissent les uns après les autres! bientôt se seront les hommes qui serviront de dîner! Comme dans la première nouvelle, Jiro Taniguchi fait intervenir le rêve, une vision salvatrice! Les solutions au désespoir et même à la mort sont dans la nature, encore faut-il savoir les trouver!
Jack London, un homme parmi tant d’autres

Le philosophie de Jack London, qui s’appuie sur une connaissance mais aussi un respect de la nature, a fait des émules à travers le temps et les continents. Au Japon, un homme s’apprête à livrer un combat contre un ours solitaire qui sème la terreur dans les montagnes. L’ours avait tué le fils, chasseur malgré lui puisqu’il n’obéissait qu’au désir du père. Au-delà d’un récit de vengeance à la Moby Dick, l’homme se trouve grandi car il comprend sa faute, il découvre aussi le dévouement de sa chienne et se voit offrir une nouvelle vie par la nature qui n’est pas rancunière! Montagnes, forêts, ours, loups et élans appartiennent indéniablement à l’univers de Jack London, mais Jack London aurait pu aussi sillonner les mers et devenir l’ami d’une baleine à bosses. L’histoire de Old Dick est peut-être la plus touchante de toutes ces nouvelles, je ne vous dit rien et vous laisse voyager dans un monde qu’aucun homme n’a jamais vu.
Jiro Taniguchi est devenu en l’espace de quelques années une valeur sûre du manga. Ses dessins sont une invitation à la découverte, au voyage qu’il soit réel ou intérieur. Les histoires d’hier peuvent nous permettre d’améliorer notre monde de demain et même si l’environnement nous semble hostile, il suffit d’ouvrir les yeux pour découvrir une raison de continuer son chemin.

L’homme de la toundra – Jiro Taniguchi – Casterman – Collection Sakka – 2006 – 242p. – 10,95 €.
Traduction de Patrick Honnoré, et de Ghersande Mauvais

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité